Je pense inévitable, lorsque
l'on se lance dans la grande aventure de l'écriture, de chercher des repères
parmi les auteurs qui nous ont marqués durant nos lectures. Je ne déroge pas à
la règle.
Si vous tournez un
tant soit peu autour de ce blog, vous devez savoir, sinon je vous l'apprends,
que Howard Philips Lovecraft est l'auteur qui m'a le plus fasciné durant mon
adolescence. D'autres m'ont passionné (et me passionnent encore), mais lui
exerce sur moi un véritable envoûtement.
Pourquoi ?
Difficile à dire comme ça, même avec plus de vingt ans de recul. C'est un
mélange de tout, je suppose : l'univers qu'il décrit, son style, si
particulier, la sensation de malaise et de terreur que l'ont peut ressentir
après avoir terminé un de ses textes où l'on se dit "Et si c'était possible ?"
Quoi qu'il en soit,
Lovecraft et son Mythe de Cthulhu sont
devenus mes compagnons de voyage à chaque fois que je me mets devant mon
clavier pour coucher quelques mots. Dès lors, la tentation de vouloir faire
comme lui est grande...
Mais c'est une
erreur, de mon point de vue. Personne ne peut écrire comme un autre, surtout
comme Lovecraft. Son style est inimitable, tant il est particulier. La richesse
de son vocabulaire et la perfection avec laquelle ses descriptions sont
rédigées sont autant d'obstacles quasi infranchissables pour celui qui voudrait
s'en inspirer sans le plagier. Il ne suffit pas non plus de faire référence
à Obed Marsh, de parler d'angles non euclidiens, ou encore de raconter
une histoire où le protagoniste doit se cloîtrer dans une salle dépourvue
d'angles (quoi que cette dernière histoire ne soit pas une invention de
Lovecraft lui-même, mais du génial Franck Belknap Long dans ses Chiens de Tindalos) pour pouvoir bâtir un récit original disant
s'inspirer de Lovecraft.
Attention, que les
choses soient claires : il existe de nombreuses anthologies "Hommage"
au Maître de Providence qui sont excellentes du début à la fin, tant par la
qualité des textes que par l'originalité des histoires qui y sont présentées.
Un de mes textes –
presque achevé – a pour cadre les Années folles et plongera le lecteur dans un
Paris occulte où, au travers des pages, je dissémine certaines références au
créateur du Mythe de Cthulhu.
Dès le début de la
rédaction, je savais que ce texte serait fortement teinté de mythologie
lovecraftienne (d'autant que l'idée de départ m'est venue d'une campagne de l'Appel de Cthulhu jouée il y a plus de 20 ans).
Mais plutôt que
d'inclure des indications aussi "évidentes" que le Necronomicon, ou autres Deep Ones et des
lieux où l'on pourrait croiser un adorateur en train de proférer "Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn", j'ai choisi de présenter l'histoire sous un angle
différent de ce que fait Lovecraft dans la grande majorité de ses textes (en
terme de point de vue de narration) et d'inclure d'autres indices que les fans
ne manqueront pas de reconnaître (enfin, j'espère). Pour la rédaction de ce
texte, j'ai toujours à côté de moi les deux livres de la collection Bouquins
qui regroupent une grande quantité de textes du Maître, pour référence, ainsi
que l'excellent ouvrage des Éditions Sans-Détour (Necronomicon et autres
ouvrages impies), qui m'ont donné des éléments précieux pour la rédaction (j'ai
d'ailleurs eu leur accord officiel pour citer certaines de leurs sources dans
le texte, et je les en remercie encore une fois ici).
Un des principaux
points d'orgue de l'univers de Lovecraft est la sensation de malaise que
procure la lecture de ses textes. Il arrive à instiller une peur sous-jacente à
la perfection à travers la maîtrise absolue de sa narration. Quant on a ni son
talent ni sa maîtrise de l'écriture, c'est une gageure que de réussir à
effleurer, ne serait-ce que de loin, cette oppression qu'il arrive à distiller
lors de la lecture de ses histoires. J'ai, pour ma part, beaucoup travaillé sur
les lieux que je décris, et sur l'atmosphère qu'il s'en dégage. J'essaie, lors
de la rédaction, d'avoir une vision "cinématographique" de la scène,
que je m'emploie à retranscrire de la manière la plus visuelle qui soit,
multipliant les références aux cinq sens, afin que le lecteur ressente le plus
possible l'étrangeté de la scène. Les retours de ceux qui lisent les chapitres
de cette histoire au fur et à mesure montrent que je ne suis pas forcément à
côté de la plaque dans ma façon de procéder. Et c'est là ma plus grande fierté,
aujourd'hui : réussir à faire frissonner, avec mes propres mots, mon propre
style, en ayant toujours en tête les sensations que me procure la lecture d'un
texte de HPL.
Je tente également
– à travers un autre texte en cours – d'inclure des références très directes à
l'univers de Lovecraft. Je pars du postulat que le protagoniste principal (un
jeune écrivain en l'occurrence) connaît HPL en tant que tel. Là où les choses
se compliquent (du point de vue de la construction de l'intrigue), c'est que j'inclus
dans mon récit des éléments référents au Mythe dans notre monde réel. La
fiction se mélange au vrai. La complexité résidera pour moi dans le fait de
rester cohérent dans ma narration, tout en naviguant sans cesse sur le fil ténu
séparant la réalité du fantasme lovecraftien.
Mais c'est un autre
sujet, dont je reparlerai (peut-être) un jour prochain.
Je n'ai bien
évidemment pas la prétention d'avoir la science infuse (dans aucun domaine
d'ailleurs) quant à la bonne façon de s'inspirer du Maître de Providence.
Ces quelques lignes
n'ont pour but que de tenter d'expliquer la façon dont je ressens les textes de
Lovecraft et leur influence sur ma façon d'écrire aujourd'hui.
Je n'écris pourtant
pas que du fantastique pur (Barry Barrison est
beaucoup orienté policier), mais à chaque fois, même si c'est juste à travers
une touche légère, je ne peux m'empêcher, que ça soit dans un lieu, dans une
anecdote ou dans une description, de faire une référence à Lovecraft et à sa
mythologie tentaculaire.
Comme quoi, il
laisse une empreinte indélébile sur ceux qui le lisent. Un effet pernicieux du Necronomicon ?
Qui sait...
Hâte de lire tout ça ! Vivement !
RépondreSupprimerMerci, Pierre !
RépondreSupprimerPour La Main Sanglante, j'espère courant 2015 !
Pour l'autre texte, par contre, ce sera plus tard :).
Helloo nice blog
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