mercredi 21 novembre 2012

Bienvenue à Sangodin

Deuxième texte lu d'un des membres de l’Écritoire des Ombres, en la personne de Monsieur Eric Fesquet.

Côtoyant le garçon depuis quelques mois déjà et étant au courant du style littéraire qu'il affectionne, j'avoue y être au départ allé à reculons. Autant je suis un grand fan de fantastique et autres bizarreries, autant j'ai du mal avec les zombies et le gore "gratuit".

Mais bon, faisant fi de mes préjugés, je me suis attelé à la lecture du texte.

Déjà, un récit à la première personne : quand ce style est bien maîtrisé, l'immersion du lecteur en est autant accrue. Ici, ça "coule" bien. L'écriture est fluide, les phrase courtes, ça donne du rythme. On s'identifie assez rapidement au personnage. Le protagoniste de dévoile sous nos yeux, par petites touches successives, donnant épaisseur et consistance progressivement à ce personnage que l'on devine assez vite torturé.

Ensuite, vient la mise en place du lieu. Un petit village, typique des récits de King, avec son calme apparent et trop lisse pour être honnête. On est définitivement en place.

Puis, le récit commence vraiment, avec une première scène, qui, si elle peut être classique en soi, est percutante dans la façon dont elle est racontée, grâce à un choix de vocabulaire très visuel et fort à propos. C'est là que se justifie complètement le choix de la narration à la première personne.

Pari gagné. On entre dans la peau du personnage, avec un mélange de répulsion et d'envie d'en savoir plus. Cette bivalence de ressenti ajoute un certain sel au récit, d'autant que l'auteur jongle parfaitement avec les doutes et les subterfuges afin de perdre le lecteur.

Au fil des pages, le récit devient de plus en plus torturé, à l'image de son principal acteur, qui navigue sur le fil de la folie sans savoir vraiment vers quel côté pencher.

La fin, comportant un twist bienvenu, permet une dernière fois de perdre le lecteur avant les toutes dernières lignes qui assemblent - enfin - le puzzle.

Alors ? Finalement, ça donne quoi ?

Sans dévoiler quoi que ce soit de l'intrigue, le texte est parfaitement agréable (enfin, si on peut dire vu le thème abordé), se lit vite, bien, et on n'en ressort pas frustré, loin s'en faut.

Même si le thème abordé est classique (de toutes façons, il n'y a plus grand chose d'original), la façon dont il est traité permet d'oublier ce "défaut" pour se concentrer sur l'histoire en elle-même.

Un dernier argument, et pas des moindre : il ne vous en coûtera que 1.99€.
Et je vous dis que c'est un excellent rapport qualité prix.

Vous voulez vous faire une idée ?
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dimanche 11 novembre 2012

Characters & Viewpoint

De quoi ça parle ? Et par qui c'est fait ?

Orson Scott Card. Jamais entendu parler de ce monsieur en tant qu'auteur.

Par contre, cet été, j'ai lu un premier livre de lui : "Comment Ecrire de la Fantasy et de la SF". Assez généraliste et plus orienté vers l'écriture de la SF que de la Fantasy, le livre regorge de bonnes idées.
J'ai donc décidé de voir si ce monsieur avait produit d'autres ouvrages sur le genre. Et je suis tombé sur "Characters & Viewpoint":

Publié en France par Bragelonne, impossible de le trouver en neuf. Et les prix, d'occasion, dépassent les 100€. Un peu trop cher pour moi.

Je me suis donc décidé à le commander dans la langue de Shakespeare, et, malgré une lecture un peu plus ardue - logiquement - je n'ai pas regretté mon achat.

Card découpe son livre en trois parties distinctes : inventer un personnage, construction des personnages et mettre en scène les personnages.

La première partie insiste sur comment inventer un bon personnage de fiction, en le choisissant avec soin. Il passe tout en revue : qui il est, de où il vient, quels sont ses buts, ses motivations. Qui connait-il, ses goûts, et, en dernier, son apparence. Ça m'a surpris que l'apparence intervienne en dernier. Pourtant, Card assure que d'avoir juste 2 ou 3 traits physiques de l'apparence d'un personnage suffit à le caractériser. Moins, ça en ferait une silhouette trop floue, mais plus briderait l'imagination du lecteur qui ne pourrait plus s'impliquer dans l'apparence du personnage. J'ai trouvé ce dernier conseil des plus pertinents. 
Le passé du personnage est abordé aussi : d'où vient-il et que fait-il là? Et pourquoi ? En effet, les protagonistes ne sont pas parachutés dans l'histoire. Ils vivaient avant (et vivront après, pour certains en tout cas).
Un des dernier point de cette première partie insiste sur le choix du nom du personnage. il doit être facile à retenir, percutant, et significatif en soi. Un mauvais patronyme peut ruiner une histoire.

La seconde partie de l'ouvrage - la plus conséquente - parle du type d'histoire que l'on veut raconter. Le choix et le type de personnage va forcément être influencé par le type d'histoire. Sa caractérisation elle aussi sera différente.
Card aborde différents points de caractérisation dans cette partie. Déjà, le type de personnage : principaux, secondaires ou Placeholders (littéralement, ceux qui se tiennent à un endroit), en gros, les figurants. Il est évident que le degré de représentation du personnage varie en fonction de son importance au sein de l'histoire. Et il faut respecter cette hiérarchie au risque de perdre le lecteur.
Card insiste aussi sur le danger du stéréotype. Rien de tel qu'un personnage trop stéréotypé, qui en devient presque caricatural, pour influencer le lecteur et perdre en crédibilité. Il aborde ensuite les émotions ressenties par les personnages, et les émotions que l'on veut faire ressentir aux lecteurs. Ces deux points s'abordent différemment et nécessitent d'être assez précis dans la façon de faire.
Il aborde aussi la dualité Héros/Homme ordinaire des protagonistes et la façon de les amener correctement dans le récit.

La troisième et dernière partie du texte parle du point de vue proprement dit. Le temps de la narration (passé contre présent) est disséqué. Il en ressort qu'il est un peu plus "facile" d'écrire au passé qu'au présent, même si, bien évidemment, il y a des exceptions (j'avoue être d'accord avec lui sur ce point. Le présent est plus difficile à maîtriser que le passé pour un auteur débutant).
Ensuite, il passe en revue les différent types de narration : première personne, subjective, omniscient, omniscient limité, etc... Le tout accompagné de nombre de schémas et autres croquis synthétiques et très intéressants (que je ne peux reproduire ici pour cause de copyright, évidemment).

Tout au long du livre, Card donne des exemples précis et très précieux qu'il argumente en se servant toujours des mêmes personnages (Nora et Pete pour la VO). Ça permet de voir à quel point l'auteur maîtrise son sujet et comment ces deux personnages évoluent au cours des chapitres. Un exemple en filigrane qui nous suit durant la lecture du livre.

Alors, finalement ?

Et bien, pour peu qu'on ne soit pas totalement réfractaire à l'anglais, ce livre vaut bien évidemment le détour. Je n'ai évidemment pas tout retenu d'un coup, mais il est clair que mes futurs personnages seront construits en ayant en tête les précieux conseils disséminés tout au long des 225 pages du livre.

En un mot : incontournable.